28 mai 2025
Sebastiâo Salgado nous a montré qu’il est possible d’avoir un impact systémique, même à l’échelle individuelle.
Et un impact sur plusieurs plans à la fois : culturel comme sur le terrain, d’une manière tout à fait tangible.
Celles et ceux qui ont vu le film Le sel de la Terre, retraçant l’aventure qui a conduit aux albums Exodus et Genesis, ont très probablement pris comme moi une sacrée claque…
Mais au Brésil, chez lui et avec son épouse, ils ont fait naître un projet de couple hors du commun : un projet pionnier de reforestation hors norme. Cette réussite est une preuve par excellence de la puissance de la régénération du vivant, et de ses multiples bénéfices, pourvu qu’on y mette du cœur.
« Sous les tropiques, l’intensité de la biodiversité est une chance. Au même titre que l’alliance du Tapir et du bousier, de nombreux oiseaux, singes et insectes peuvent disséminer des graines rapidement sur les territoires dégradés.
Cette reforestation passive a l’avantage de ne rien coûter, et d’offrir la plus grande diversité d’espèces, donc l’équilibre le plus naturel qui soit. Il faut ainsi une soixantaine d’années pour qu’une forêt tropicale grandement dégradée et parcellisée puisse retrouver 90 % de sa biomasse initiale.
Mais l’homme peut très bien accélérer le phénomène, en plantant volontairement une grande diversité d’espèces. L’expérience célèbre de régénération du photographe Sebastiâo Salgado est parlante. Dans les années 1940, dans la province minière du Minas Gerais au Brésil, plus de 70 % de la région étaient recouverts par la forêt tropicale atlantique.
Début 2000, il n’en restait que 0,5 %. Avec son épouse, ils ont alors rassemblé des fonds, et replanté 2,5 millions d’arbres de quelque 300 espèces locales dans le domaine familial. Les trois premières années, ils perdent la grande majorité des plants. Mais avec un peu de persistances et en apprenant de leurs erreurs initiales, les résultats ont été rapides et spectaculaires.
En seulement 20 ans, le couvert forestier est réapparu, comme la faune endémique qui s’est chargée de diffuser de nouvelles graines là où il y avait des trous.
Ce programme a d’ailleurs été étendu à toute la vallée du Rio Dulce – une surface de la taille du Portugal, avec un objectif de 70 millions de plans réussis. Le fleuve était condamné par l’extinction progressive de ses 250 000 sources, faute d’arbres. Une extinction enrayée par l’action combinée de l’Homme et du vivant, aux résultats rapides et durables. »
Extrait de « les voies nouvelles du géomimétisme : soigner le climat grâce au vivant », aux éditions Odile Jacob.
Je suis sûr que nous sommes nombreux à l’accompagner vers l’éternel par nos pensées depuis hier, et qu’il restera présent à nos côtés par ce qu’il a définitivement mis en mouvement.